L'organe chargé de la lutte contre le dopage en athlétisme s'est saisi de soupçons de dopage d'athlètes Kényans avant les Mondiaux de Doha, a affirmé le patron de l'athlétisme mondial Sebastian Coe.
"Je sais que l'AIU (Unité d'intégrité de l'athlétisme, organe indépendant) s'est saisie de certaines accusations parues dans les médias allemands", a précisé Coe en marge du Conseil de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). "Je suis certain qu'ils rendront compte à l'IAAF dès qu'ils auront établi les faits".
La chaîne allemande ZDF, très en pointe sur les révélations de dopage, affirme qu'au moins deux athlètes Kényans engagés aux Mondiaux (27 septembre - 6 octobre) ont été traités à l'EPO avant la compétition, dans un documentaire en ligne sur son site.
Selon ZDF, qui ne cite pas de noms, il s'agit d'un homme et d'une femme, filmés en caméra cachée trois semaines avant l'ouverture des Mondiaux de Doha (27 septembre - 6 octobre) en train de recevoir une injection intraveineuse d'EPO.
Un médecin, interrogé sous couvert de l'anonymat, témoigne du modus operandi et parle lui de huit athlètes: "Personne ne se dope directement avant les compétitions, ici ils utilisent l'EPO à l'entraînement (...) De l'actuelle équipe nationale, j'ai traité 8 coureurs".
Interrogé par la télévision allemande, les responsables de la Fédération kényane d'athlétisme (AK, Athletics Kenya) assurent que les athlètes ont été dûment informés des règlements et prévenus qu'ils seraient exclus à vie de l'équipe nationale en cas de dopage.
Selon ZDF, il existe cependant des cas de corruption impliquant la Fédération et l'agence nationale antidopage ADAK. "Ils camouflent des résultats de certains athlètes, de façon à ce que les coureurs ne puissent pas être suspendus", affirme un ancien collaborateur de l'ADAK. "Athletics Kenya et l'ADAK travaillent main dans la main et gagnent de l'argent avec ça. Les sportifs ou leurs managers doivent payer pour ça".
ZDF affirme avoir en sa possession des documents écrits qui prouvent la collusion entre les responsables de l'athlétisme et l'agence antidopage pour disculper des athlètes contrôlés positifs.
"En l'absence de preuves matérielles ou d'informations supplémentaires, AK ne peut ni confirmer ni infirmer la crédibilité de ces allégations", a répondu la fédération kényane sur Twitter.
"Depuis la création de l'agence nationale antidopage, la fédération ne réalise plus en aucune façon de contrôle antidopage, et n'a accès à aucun résultat de contrôle. Les accusations qui veulent qu'AK ait pu couvrir des cas positifs sont donc a minima ridicules, et paraissent venir d'une personne qui ne connaît clairement pas la situation actuelle au Kenya", ajoute l'organisation.
Le chef de l'AIU Brett Clothier, interrogé par ZDF, réagit pour sa part en affirmant: "Ce sont des accusations très graves et nous ne sommes pas si naïfs pour dire qu'il n'existe pas de tels problèmes ou de corruption au Kenya".