A seulement 17 ans, détenteur de plusieurs records du monde et très impressionnant chez les jeunes, Sasha Zhoya captive déjà la planète athlétisme par son talent protéiforme (sprint, haies, perche). Mais son coeur balance encore entre l'Australie, où il a grandi, et la France, le pays de sa mère.
"9 sec 48, c'est ouf !" Sous un soleil de plomb qui écrase l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP), au coeur du Bois de Vincennes, Ladji Doucouré s'enthousiasme après un exercice sur les haies de Sasha Zhoya.
"Il maîtrise son sujet, il a un tel +pied+, il fait ce qu'il veut", commente le champion du monde 2005 du 110 m haies, qui conseille le phénomène pour l'après-midi, en présence de l'un des meilleurs spécialiste du moment, Wilhem Belocian, et du champion d'Europe 1986 Stéphane Caristan.
Cette séance de champions taillée sur mesure témoigne de la cour assidue de la France au prodige, déjà capable de sauter 5,56 m à la perche (record du monde cadet) ou de courir le 110 m haies en 13 sec 05 (sur des haies plus basses pour les jeunes).
"Je mets sur la table tout ce que la France peut faire aujourd'hui, et je trouve que l'on peut faire beaucoup par rapport à d'autres pays", explique le directeur technique national (DTN) de l'athlétisme Patrice Gergès, qui évoque notamment une place à l'Insep et des entraîneurs internationaux sans aucun frais ou la perspective d'être une star à domicile aux Jeux de Paris-2024.
En face, l'Australie a également montré son intérêt, d'après la mère de Sasha, mais doit composer avec un système qui repose sur le secteur privé.
Le compte à rebours est engagé: la pépite, dont le père est Zimbabwéen, s'est donné jusqu'à décembre afin de pouvoir s'aligner aux Championnats du monde juniors en 2020 sous la bannière de son choix.
"Le niveau de l'athlétisme est meilleur ici"
"Etre à l'Insep, ça me donne une idée. Je réfléchis beaucoup. Je dis que c'est du 50-50 mais peut-être que dans ma tête c'est différent", reconnaît Zhoya dans un sourire malicieux.
"Je me retrouve avec des athlètes qui ont fait des choses incroyables ou qui font des choses incroyables, s'émerveille le jeune homme au physique longiligne, après sa séance le jour de ses 17 ans. Cela me montre ce que je veux faire de ma vie. En une séance j'ai appris des choses que je n'avais pas apprises avant."
A Perth, où il est né en Australie, Zhoya bénéficie certes des conseils d'un entraîneur de très haut niveau pour la perche, mais l'expertise de l'école française sur les haies reste incomparable.
"Sur les haies, j'ai besoin d'un niveau un petit peu plus haut. La France peut m'offrir ce haut niveau, il y a des super coaches sur les haies en France. En Australie, il n'y a pas d'athlètes qui me poussent à l'entraînement. Quand je viens ici, le niveau de l'athlétisme est meilleur, donc ça me pousse", observe-t-il dans un français fluide teinté d'accent.
- Une idole: Floyd Mayweather -
Sasha Zhoya ne s'est pas encore spécialisé, lui qui brille sur les haies mais aussi à la perche et en sprint. Une chose est sûre, il ne se dirigera pas vers le décathlon malgré un essai à 7.271 points cet hiver.
Et ne lui parlez surtout pas d'Usain Bolt, à qui un journal australien a osé le comparer.
"Je ne veux pas être dans l'ombre d'Usain Bolt. Je veux être moi même", affirme-t-il avant de lâcher en anglais "I want to be myself", comme pour l'annoncer au monde entier.
"J'ai un poster de Bolt dans ma chambre, mais ce n'est pas vraiment mon idole préférée, poursuit-il. Mon idole c'est Floyd Mayweather parce qu'il a 50 victoires, 0 défaite".
La potentielle future star du sport olympique N.1 a en tout cas déjà choisi avec sa mère et sa grande soeur Munashe, dont il est très proche, ses futurs représentants: les Français Benjamin Soreau et René Auguin, les agents les plus influents de l'athlétisme tricolore.
Un signe quant à son futur drapeau?