Le premier championnat féminin de football de l'histoire du Soudan a débuté lundi par un match au stade de Khartoum, chaleureusement applaudi par les supporters mais aussi des diplomates, selon un journaliste de l'AFP.

Cette ligue féminine, qui comprend 21 clubs, est une première dans ce pays dirigé pendant près de 30 ans par le général Omar el-Béchir --arrivé au pouvoir grâce à un coup d'Etat soutenu par les islamistes-- jusqu'à sa destitution sous la pression de la rue le 11 avril.

Le premier match a opposé les clubs de Tahadi et de Difaa dans l'enceinte du stade de la capitale. Les villes de Madani (est), Al-Obeid (centre) et Kadugli (sud) accueilleront également des matches.

"Pouvoir civil, pouvoir civil", a scandé la foule au début de la rencontre, tandis que d'autres criaient "Kandaka, Kandaka", en allusion aux reines nubiennes ayant marqué l'histoire de la région dans l'Antiquité.

A la suite d'un accord conclu en août entre l'armée, qui avait pris le pouvoir après la chute de M. Béchir, et les meneurs de la contestation, le Soudan a vu se mettre en place des institutions de transition vers un pouvoir civil. Le Conseil souverain, à majorité civil et dirigé par un militaire, chargé de superviser la transition, comprend deux femmes.

"C'est une rencontre historique, pas seulement pour le sport féminin mais pour le Soudan tout entier", a déclaré la ministre des Sports Wala Essam, qui a assisté au match aux côtés de diplomates soudanais et étrangers.

Un "rêve"

"Nous accorderons une attention spécifique au sport féminin et au football féminin", a-t-il ajouté.

Après le match, les joueuses ont laissé exploser leur joie, affirmant que ce moment aurait été inimaginable un an auparavant.

"Avant la révolution au Soudan, mon plan était d'aller à l'étranger pour jouer, mais maintenant je peux jouer sur ma terre natale", explique Asma Abubakr, vêtue du maillot vert de l'équipe de Tahadi.

Pour Juan Essam du club de Difaa, c'est un "rêve" qui devient réalité. "Ce qui s'est passé aujourd'hui est tout simplement fantastique", ajoute-t-elle, émue. "Pour la première fois, j'ai joué dans un stade. C'était mon rêve."

Des mesures de libéralisation de la société sont attendues de la période de transition d'un peu plus de trois ans dans laquelle le pays s'est engagé, notamment en matière de liberté d'expression, d'égalité femmes-hommes mais aussi dans le sport et les arts.

Membre de la Fifa depuis 1948 et co-fondateur de la Coupe d'Afrique des nations avec l'Égypte, l'Éthiopie et l'Afrique du Sud, le Soudan est en revanche loin d'être un pionnier du continent en matière de football féminin, entravé par l'adoption de la charia (loi islamique) dès 1983.