Dix-huit aventuriers au départ, cinq rescapés et un vainqueur attendu mardi aux Sables-d'Olonne après plus de 200 jours à tourner seul autour du monde sans moyens modernes: la Golden Globe Race a livré une 2e édition, 50 ans après le tour du monde à la voile historique de 1968.
Mardi matin, vers 9h00, le Français Jean-Luc Van den Heede devrait être le premier à franchir la ligne d'arrivée au large des Sables-d'Olonne après avoir quitté le port vendéen le 1er juillet 2018.
Le marin de 73 ans, qui compte 5 tours du monde en solo à son actif, aura mis 211 jours pour faire le tour du globe à bord d'un petit monocoque de 10 m conçu avant 1988 comme le stipule le règlement. A titre de comparaison, François Gabart, sur un maxi-multicoque de 32 m construit en 2015, avait claqué un record en 42 jours en décembre 2017.
Mais quand Gabart était en quête de performance, Van den Heede et les 17 autres engagés de différentes nationalités n'avaient qu'une idée en tête: faire revivre ce vent de liberté qui soufflait dans les années 60.
"Ce n'est pas une course de voiliers comme les autres. Le propos n'était pas de faire une réplique exacte de la course de 1968 mais d'être dans l'esprit de 1968 et je pense qu'en ça, on a parfaitement réussi. Les marins ont été complètement isolés, ils ont eu cette impression de revivre 1968", explique à l'AFP l'Australien Don McIntyre, concepteur de la Golden Globe Race 2018 (GGR).
Aucun regret
Cette édition faisait référence à la première course autour du monde sans escale en solitaire à laquelle 9 marins avaient pris part pour un seul revenu à bon port, le Britannique Sir Robin Knox-Johnston, le 12 avril 1969 au terme d'un périple de 313 jours à bord d'un petit bateau, le Suhaili.
Dans l'esprit de ces pionniers, la GGR 2018 avait un cadre clair: pas d'électronique à bord, pas de pilote automatique ni de moyens de communications moderne, ni de désalinisateur. Une radio ondes courtes, des balises de suivi de position et un téléphone pour communiquer une fois par semaine avec le PC course. Et seulement quelques appels autorisés avec la famille. Des cartes en papier et un sextant.
"Le GPS c'est pratique mais le sextant c'est fiable. Et les cartes papier, ça occupe le temps", défend Loïc Lepage, ancien instituteur de 62 ans, qui s'est nourri adolescent des récits de Sir Johnston.
"On avait une petite vacation obligatoire avec le PC course. On pouvait envoyer un petit mail tous les jours mais pas plus de 40 signes, c'était un peu frustrant", raconte Lepage, dont le bateau a sombré au 114e jour de mer avant d'atteindre l'Australie et qui "enrage de n'avoir fait que le moitié" de la course.
"Je n'ai jamais eu de moments de regret ou de coups de blues au point d'être démoralisé, jamais", assure le Vannetais.
Lepage a mis ses économies dans cette aventure et fait une souscription pour réunir les quelque 70.000 euros qui lui étaient nécessaires. Il aimerait être du prochain voyage en 2022.
"Ça peut paraître désuet mais il y a un côté romantique, philosophique dans cette idée des libertés qu'avaient les adolescents post soixante-huitard. Et puis, cinquante après, la mer n'a pas changé, le vent est toujours le même. Et un bateau à voile reste un bateau à voile", argue-t-il.