Deux jours après leur échec cinglant contre le Danemark, les Bleus se sont rachetés dimanche en arrachant aux Allemands la médaille de bronze du Mondial, la vingtième de l'histoire du handball français, au bout du suspense, 26 à 25.
C'est Nikola Karabatic, qui ne devait d'abord pas jouer ce tournoi trois mois après une opération au pied, qui a marqué le but décisif à la dernière seconde sur une contre-attaque, dimanche à Herning (Danemark).
Ces Bleus-là sont les héritiers d'une épopée tellement exceptionnelle, 20 médailles donc depuis 1992, dont 11 d'or, et 11 médailles (sur 14 possibles) dont 7 d'or depuis les Jeux de 2008, que seuls les titres ne provoquent pas de déception.
"C'est un peu le même sentiment que l'an dernier. Avec notre potentiel, c'est le minimum qu'on pouvait aller chercher", a commenté l'ailier Valentin Porte.
C'est la première fois depuis onze ans que les Français ne participent pas à la finale dans deux tournois majeurs d'affilée. Sur les cinq derniers, ils n'en ont gagné qu'un, le Mondial-2017, à domicile. Le recul n'est pas dramatique, mais indéniable.
Dimanche en tout cas, les joueurs ne boudaient pas leur plaisir et gardaient confiance pour la suite. C'est la quatrième fois d'affilée que la France termine sur le podium d'une compétition internationale après l'argent des JO-2016, l'or du Mondial-2017 et le bronze de l'Euro-2018.
"On est en reconstruction, avec beaucoup de jeunes joueurs et on démarre avec des bases solides", a dit Porte, pensant au quatuor Melvyn Richardson, Ludovic Fabregas, Dika Mem et Romain Lagarde qui ne dépasse pas les 22 ans, ou à Nedim Remili, 23.
Une fin de match de folie
Pour battre l'Allemagne, l'essentiel était de se remettre de l'échec de vendredi à Hambourg, où la France, double tenante du titre, avait subi sa pire défaite (38-30) de l'ère des "Experts".
"On s'est remotivé, ce n'était pas facile, d'abord on avait tous la tête baissée. La médaille est d'autant plus belle qu'il y avait eu avant une grosse déception", a dit Luc Abalo. "Après la gifle d'il y a deux jours, on ne pouvait pas enchaîner avec un non match aujourd'hui. C'était impensable", a dit, dans le même esprit, Valentin Porte, qui retenait "la fin de match de folie".
Alors que la Mannschaft avait la balle de match à trente secondes de la fin sur une contre-attaque, les Français se sont débrouillés pour récupérer la possession et lancer Nikola Karabatic vers le dernier shoot victorieux, quelques dixièmes avant la sirène. Une belle récompense pour la star, qui avait eu jusque-là un tournoi difficile, manquant de compétition. En demi-finale, il n'avait passé que onze minutes sur le terrain.
Nouvelle chance olympique à l'Euro
"Les Allemands ont fait leur match, les arbitres ne nous ont pas trop aidés. Mais on n'est pas sorti du match, on est resté solidaire. La dernière action est parlante: c'est toute une équipe qui s'est repliée, qui a reculé pour récupérer le ballon et marquer", a souligné Porte.
Dominés en première période (9-13 à la pause), les Bleus avaient pris un coup au moral dès la 11e minute avec la sortie définitive du gardien Cyril Dumoulin, pour lequel on craint une déchirure des ligaments croisés du genou.
Au retour des vestiaires, les Bleus sont revenus dans le match. Le demi-centre Kentin Mahé, auteur de sept buts (dont 1 penalty), a été l'un des hommes-clefs de ce retournement de situation, et l'un des meilleurs Français du Mondial.
Le prochain rendez-vous est désormais celui de l'Euro, en janvier prochain. Les Bleus auront une nouvelle occasion de se qualifier pour les Jeux de Tokyo en étant champion (ou finaliste si le champion est le même qu'au Mondial). S'ils n'y parviennent pas, il leur faudra passer par un Tournoi de qualification en avril 2020.