Comme un air de bricolage: le XV de France débutera la Coupe du monde, samedi contre l'Argentine, avec une paire de centres et une troisième ligne inédites et un ouvreur, Romain Ntamack, qui n'a démarré qu'un seul des trois matches de préparation.

Ainsi le sélectionneur Jacques Brunel a-t-il décidé jeudi, pour le match le plus important depuis quatre ans, de changer une nouvelle fois son fusil d'épaule.

Il y a été en partie contraint par la cuisse de Wesley Fofana, l'un de ses leaders d'attaque, qui sans sa blessure contre l'Italie, le 30 août lors du dernier match de préparation (47-19), aurait débuté face aux Pumas. "On pensait qu'il pouvait revenir et il y a eu cette complication donc on n'a pas pu envisager de l'y mettre", a expliqué Brunel, qui aurait associé le Clermontois à Gaël Fickou.

Le Parisien formera finalement le duo au milieu du terrain avec Virimi Vakatawa, plutôt qu'avec Sofiane Guitoune, aligné en Ecosse le 24 août (14-17) après le forfait de dernière minute, déjà pour un problème à une cuisse, de Fofana.

Certes, à Edimbourg, Fickou et Guitoune démarraient pour l'unique fois ensemble. Mais Brunel n'avait initialement pas sélectionné Vakatawa dans son groupe élargi pour le Mondial et l'a seulement rappelé après le forfait de Geoffrey Doumayrou, mi-août.

Et il ne lui avait donné sa chance, en préparation, que pendant vingt minutes, en cours de jeu en clôture face aux Italiens.

"Virimi a montré, depuis son arrivée au Japon, beaucoup de présence et de qualités lors des entraînements et de l'opposition (face au Yamaha Jubilo, vendredi), ce qui nous a amené à le titulariser", a justifié Brunel.

- Ntamack "a les qualités" -

Le sélectionneur a également fait quelque peu machine arrière pour le poste stratégique d'ouvreur: exit Camille Lopez (30 ans), qui avait démarré deux des trois matches de préparation.

Comme lors des trois derniers matches du Tournoi des six nations, place à Ntamack, dix ans de moins et titulaire seulement lors du dernier. Où, en plus d'être séduisant dans l'animation, il s'était montré précis dans l'exercice des tirs au but (5/6). Alors que Lopez avait lui manqué la cible la moitié du temps face à l'Ecosse, le 17 août (32-3).

"Il a montré que ce rôle (de buteur) ne lui faisait pas peur, il s'entraîne régulièrement en club et a un taux de réussite probant", a expliqué Brunel au sujet de Ntamack, beaucoup plus habitué à jouer centre avec le Stade Toulousain la saison écoulée.

"Il a joué demi (d'ouverture) avec nous plusieurs fois, a montré qu'il était capable d'avoir un très bon niveau sur ce poste, même s'il ne joue pas en club. Il a fait la plupart de sa jeune carrière à l'ouverture, il a les qualités pour sur le plan physique et technique", a répondu le sélectionneur.

- 3e ligne complémentaire mais inédite -

Ntamack, fils de l'ancien arrière polyvalent international Emile Ntamack, formera la charnière avec son partenaire en club, Antoine Dupont. Lequel devrait être suppléé en cours de match par Maxime Machenaud (30 ans) plutôt que par Baptiste Serin (25), remplaçant lors des matches de préparation, manqués par le Racingman en raison d'une blessure.

Le choix, selon Brunel, de "l'expérience", comme pour Louis Picamoles (33 ans), troisième ligne remplaçant plutôt que Yacouba Camara.

La troisième ligne, justement, formée d'un "gratteur" (Wenceslas Lauret), d'un porteur de balle assez puissant (Grégory Alldritt) et d'un "sauteur-coureur" (Charles Ollivon), est jugée complémentaire par Brunel.

Mais elle ne dispose d'aucun vécu commun. "Ce n'est pas un problème" a répondu Ollivon, qui débutera alors qu'il était initialement suppléant dans le groupe élargi annoncé le 18 juin. Et a vu ses deux dernières années gâchées par une grosse blessure à une épaule.

Comme pour le poste d'ouvreur et la paire de centres, la seule réponse probante sera apportée samedi, sur le terrain, dans un match déjà brûlant pour la qualification en quarts de finale.