De Paris à Paris, Lassana Diarra a bouclé à 33 ans la boucle d'une longue carrière pas si linéaire. Respecté par ses pairs, plutôt mystérieux pour le public, le hargneux milieu aux dix clubs prend sa retraite sur un échec au PSG pour mieux se consacrer à son entreprise.
"Le moment est venu de +raccrocher les crampons+, comme on dit. Pour le football, j'ai beaucoup donné. Grâce au football, j'ai énormément reçu", écrit le joueur son compte Instagram.
"Je ne dis pas que j'ai tout fait parfaitement mais je l'ai fait avec cœur, passion et bienveillance, a-t-il poursuivi. Je tourne donc la page mais je n'oublie rien. Je vais continuer à œuvrer avec enthousiasme, détermination et sincérité dans mes nouveaux projets."
Plus tôt dans la journée, le Paris SG a annoncé sans surprise que le contrat le liant au joueur jusqu'en juin 2019 était résilié. C'est donc dans l'anonymat d'une large victoire de Ligue 1 contre Amiens (5-0), le 20 octobre, que "Lass" a pour la dernière fois goûté au terrain, pour 45 minutes.
Une fin sans fard pour le joueur au statut sportif récemment dégradé par les blessures et la forte concurrence à son poste, mais qui colle à son profil de travailleur de l'ombre, discret, qui a persévéré dans la difficulté pour lancer sa carrière.
"vrai N.6"
Au Real Madrid ou à Marseille, Lassana Diarra, international à 34 reprises, s'est imposé comme un patron dans l'entrejeu, grâce à ses qualités au pressing et sa technique dans la conservation de balle.
"Il avait déjà un volume de jeu énorme, était agressif pour chercher les ballons dans les pieds, il touchait beaucoup de ballons... C'était un vrai N.6", se souvenait il y a un an auprès de l'AFP Philippe Hinschberger, qui l'a entraîné lors de ses débuts en pro, au Havre.
Passé par le réputé centre de formation du HAC, le Titi de Belleville part s'aguerrir à 20 ans dans les pas de Claude Makélélé, à qui il est comparé, à Chelsea. Mais c'est au Real Madrid (2009-2012), après quatre ans en Angleterre (44 matches de Premier League, 1 but), qu'il connaît ses meilleures saisons.
Sous les ordres de José Mourinho, il remporte la Liga en 2012 et atteint les demi-finales de la Ligue des champions en 2011 --il n'est jamais allé plus loin dans la plus prestigieuse des coupes continentales--.
Choix exotiques
Mais de la Maison blanche, Diarra n'en garde pas le lustre, et disparaît même des radars avec ses choix de carrière plutôt exotiques, mais très lucratifs, qui vont brouiller son image: à l'Anji Makhatchkala (2012-2013), au Lokomotiv Moscou (2013-2014) puis chez les Emiratis d'Al-Jazira Club (2017).
"Il a subi des galères, eu du mal à percer et a peut-être eu peur de ne pas réussir à faire son tour au plus haut niveau", exposait en février Jean-Pierre Louvel, son président au Havre.
Il se relance pendant une saison et demie à Marseille (2015-2017), comme un boulet de canon à l'image de son but pour son premier match de Ligue, une frappe puissante des 25 mètres. Il ajoute même six sélections à son compteur bleu, en octobre 2015 et mai 2016, mais rate l'Euro-2016 pour une blessure à un genou.
Sa cote reste assez élevée pour qu'il rejoigne le PSG durant le mercato d'hiver 2018, libre. Un pari que le club de la capitale a perdu, vu son apport sportif limité.
Pour la suite, Lassana Diarra, le milieu besogneux, s'est naturellement reconverti dans les affaires: il a fondé en 2017 sa marque de boissons pour sportifs, Heroic Sport, qui a notamment un partenariat avec les rugbymen du Stade Français. Jamais très loin de Paris.