Vélo, amour et fantaisie: le Giro entame une nouvelle boucle, samedi à Bologne, avec ses premiers rôles favoris, le Néerlandais Tom Dumoulin et le Britannique Simon Yates, confrontés au long des 21 étapes au revenant italien Vincenzo Nibali et au Slovène Primoz Roglic.
Du classique de Luigi Comencini (le filme 'Pain, amour et fantaisie'), le deuxième grand tour national du cyclisme partage la profonde humanité. Son slogan, "Amore infinito", insiste sur la passion que génère l'événement, créé en 1909 et symbole de l'unité du pays.
Dumoulin (28 ans), vainqueur en 2017 et seulement devancé par le Britannique Chris Froome l'an passé, s'est laissé séduire une nouvelle fois. Tout comme Simon Yates (26 ans), dominateur au printemps dernier avant de s'effondrer dans les deux dernières étapes de montagne. "Dans un sens, j'ai une affaire en suspens dans le Giro", reconnaît le Britannique, qui s'était vengé en fin de saison en gagnant la Vuelta.
Si les sept arrivées en côte ou au sommet l'avantagent par rapport à ses rivaux, l'expérience de 2018 l'a rendu prudent: "J'aime courir de manière agressive. Malheureusement, on ne peut pas toujours le faire. C'est ce que j’ai vraiment appris de la saison dernière."
- Les pièges des routes -
Pour départager les favoris, les organisateurs ont accordé une place conséquente aux contre-la-montre (59,8 km), bien que deux d'entre eux se terminent en montée, et bien sûr à la montagne, l'ADN du Giro à l'époque contemporaine. Mais, dans un parcours qui reste à l'intérieur des frontières italiennes (hormis une incursion à Saint-Marin), il faudra attendre la 13e étape pour arriver en altitude.
Les ascensions les plus redoutables sont regroupées en quatre journées, les principales (les cols historiques du Gavia et du Mortirolo) sont programmées le 28 mai. Par la suite, les grimpeurs disposeront encore d'une franche occasion, à la sortie des Dolomites, pour chambouler la hiérarchie à la veille de l'arrivée jugée le 2 juin, devant les arènes de Vérone (nord).
Dans cette 102e édition qui cherche à satisfaire toutes les catégories de coureurs, les sprinteurs s'octroient une part de choix dans les premières journée. A condition que ces spécialistes (Viviani, Gaviria, Démare et Ewan principalement) négocient sans encombre les pièges habituels des routes du Giro, surtout si la pluie annoncée complique l'arrivée, dimanche, en Toscane.
"Sur le papier, le parcours me plaît beaucoup", reconnaît Roglic, irrésistible la semaine écoulée au Tour de Romandie. Le Slovène, 4e du Tour de France 2018, a le profil de trouble-fête. A 29 ans, pour sa cinquième saison au plus haut niveau, il apparaît sûr de sa force, prêt à accéder pour la première fois au podium d'un grand tour. Sur la plus haute marche ?
- Dumoulin pour référence -
Il lui faudra faire mieux que la référence Dumoulin, un grand rouleur (champion du monde du contre-la-montre 2017) qui sait résister avec une impressionnante constance dans les cols. Le Néerlandais, concentré sur le Giro ("je verrai ensuite pour le Tour", a-t-il annoncé), sait que tout est possible dans la course rose, même le plus improbable comme la chevauchée solitaire de Froome sur près de 80 kilomètres l'an dernier ou le renversement de situation réussi par Nibali deux ans plus tôt pour s'imposer une deuxième fois.
A 34 ans, Nibali, l'un des coureurs qui symbolise l'indispensable "fantaisie", autrement dit l'imagination tactique, porte -avec Davide Formolo, récent deuxième de Liège-Bastogne-Liège- les espoirs italiens.
Mais le groupe des candidats au podium est particulièrement large, du Colombien Miguel Angel Lopez (3e en 2018) à l'Espagnol Miguel Landa et son alter ego équatorien Richard Carapaz. Voire qui sait aux jeunes pousses (Geoghegan Hart, Sivakov) de l'équipe Sky devenue Ineos, "sans aucune pression" selon leur expression commune.
Pour tous, le premier rendez-vous est fixé samedi, dans le "chrono" d'ouverture de 8 kilomètres qui se conclut au sanctuaire de San Luca, sur les hauteurs de Bologne. Le coup d'envoi de l'aventure.