Et si éloigner un enfant de ses mauvaises fréquentations était la solution pour lui éviter de mal tourner ? C’est ce que pense Gabriel Attal. Le Premier ministre a expliqué, jeudi 18 avril sur BFMTV, pourquoi il pense que l’internat était un moyen pour endiguer "la spirale de la délinquance". Selon lui, proposer aux parents dont l’enfant "commence à avoir de mauvaises fréquentations" de l’envoyer en internat et, ainsi, de l’éloigner de son quartier l’aidera à "retrouver un cadre". De quoi lui éviter "de sombrer dans la spirale de la délinquance et parfois du crime".
Lundi 22 avril, Gabriel Attal et Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, iront à Nice (Alpes-Maritimes). Là, ils visiteront un établissement qui participe à une expérimentation déjà en cours de cet envoi en internat. La structure doit accueillir "une soixantaine de jeunes pendant les vacances, pour les remettre dans le droit chemin", a ajouté le Premier ministre. Cette mesure destinée aux jeunes "à la dérive" figurait déjà dans la déclaration de politique générale de Gabriel Attal, prononcée à la fin du mois de janvier, rappelle Le HuffPost. "Il y a dans notre pays des dizaines de milliers de places en internat qui sont désespérément vides. J’y vois une opportunité", a-t-il assuré à la chaîne d’information en continu. Et de poursuivre : "Une opportunité pour couper rapidement et efficacement un jeune de ses mauvaises fréquentations."
"Une concertation avec les familles"
Si les détails de cette mesure restent à définir, Gabriel Attal assure que l’envoi d’un adolescent en internat s’inscrira "dans le cadre d’une concertation avec les familles et tous les acteurs", écrit Le Huff Post. L’éloignement ne sera pas imposé ou répressif. "L’internat ne doit pas être uniquement vu comme un objet répressif […]. C’est une chance pour le jeune de sortir d’un milieu familial, d’un contexte social et d’avoir de meilleures chances de réussir. Comme ce qui est fait par exemple dans les internats d’excellence. C’est une manière de le faire rebondir et de l’aider à réussir", a souligné le cabinet du Premier ministre.
Plusieurs "formules" seront proposées. Le jeune pourra rejoindre un internat le temps des vacances ou durant toute l’année scolaire. Cette première option sera testée dès lundi, dans l’internat niçois où les adolescents seront encadrés par des "acteurs" de "la ville, de la jeunesse ou des gendarmes réservistes". L’autre possibilité a pour objectif de "permettre à des jeunes d’aller dans des internats, des établissements loin de chez eux pour suivre une scolarité normale". Elle ne concernera que "des jeunes […] dont l’environnement commence à devenir problématique. Sans notion de violence, mais justement pour éviter ce glissement, ce décrochage vers la violence ou vers une remise en cause plus profonde de l’autorité".
"Un lieu de redressement"
Premier syndicat des collèges et des lycées, le SNES-FSU a pointé du doigt ce dispositif. Olivier Raluy, secrétaire catégorie CPE du syndicat d’enseignants SNES-FSU, y voit l’internat "comme un lieu de redressement” et non pas "un internat éducatif". Lors de l’année scolaire 2022-2023, le ministère de l’Éducation nationale a chiffré à un peu plus de 175 000 le nombre de places d’internat inoccupées, sur quelque 230 000 places recensées dans 1 618 établissements. Soit un taux d’occupation d’à peine 65,9 % au collège et de 79,1 % au lycée. Dans les lycées professionnels, cette part tombe à 77,5 %.