Matignon, qui n'exclut pas une vente du Stade de France, promet des réponses sur la future gestion de l'enceinte avant la fin 2019 et repousse à l'après JO-2024 l'hypothèse de grands travaux, dans une lettre à la Cour des comptes transmise à l'AFP.
Propriétaire du Stade de France, où les Bleus ont remporté la Coupe du monde 1998, l'Etat en a confié dès le départ la gestion et l'exploitation à un consortium formé par Vinci et Bouygues, une concession qui prend fin en 2025 et a souvent été jugée défavorable pour les finances publiques.
Sur la base d'une étude à venir, "le Gouvernement devrait être en mesure de statuer sur les grands principes" du modèle économique "d'ici la fin de l'année 2019, comme le recommande la Cour des comptes, et de désigner d'ici janvier 2025 le nouvel exploitant" du stade de 80.000 places situé à Saint-Denis, écrit le Premier ministre Edouard Philippe en réponse à un courrier de la Cour des comptes.
Dans ce référé de six pages, daté du 17 septembre, les magistrats financiers recommandent de privilégier "une option de désengagement des finances publiques, notamment la cession de l'ouvrage au profit d'une structure capitalistique associant les fédérations françaises de rugby et de football".
"L'exception critiquée par la Cour, à savoir que le Stade de France", inauguré il y a 20 ans, "est le seul stade propriété de l'Etat en Europe, pourrait ne pas perdurer au-delà de 2025", répond le Premier ministre. "L'hypothèse d'une cession, recommandée par la Cour, fait en effet partie des options à l'étude", ajoute-t-il, évoquant aussi "des alternatives susceptibles de conforter l'intérêt patrimonial de l'Etat".
Piste d'athlétisme
Dans son courrier, Matignon confirme son intention d'investir 50 millions d'euros pour la mise aux normes de l'enceinte en vue de la Coupe du monde de rugby 2023 et des JO de Paris-2024.
Matignon écarte l'hypothèse de travaux plus importants, alors que le consortium privé a mis sur la table un plan de transformation beaucoup plus vaste, à hauteur de 450 millions d'euros, en proposant d'en financer une partie dans le cadre d'une poursuite de la concession.
Au-delà de problèmes juridiques, Matignon souligne que la suppression de la piste d'athlétisme est un impératif pour "améliorer significativement la qualité des spectacles - tant sportifs que culturels". Il faudra attendre que les JO aient eu lieu car "les épreuves d'athlétisme sont programmées au Stade de France", écrit le Premier ministre.
Dans son référé, la Cour des comptes dresse un bilan contrasté de l'enceinte, "réussite architecturale", "urbaine" et "fonctionnelle", mais dont "la question de l'exploitation courante (...) a été traitée comme une question secondaire, ce qui s'est révélé coûteux pour l'État et source de contentieux". Le Stade de France a accueilli 400 manifestations sportives et culturelles payantes depuis 1998, soit une moyenne de 20 par an.
"Les dépenses publiques (778 millions d'euros) et privées (172 M EUR) liées à la construction et à l’exploitation du Stade de France et aux dépenses d'infrastructure associées, se sont élevées au total de 1995 à ce jour à 950 M EUR, dont 502 M EUR pour le seul stade, pour lequel l'État a contribué à hauteur de 330 M EUR", indique la Cour des comptes.
Elle rappelle que "la présence espérée d'un club résident s'est révélée être une "chimère"", conduisant l'Etat à verser au consortium 119,5 millions d'euros d'indemnités. Le contrat de concession initial avait été négocié dans la précipitation en 1995, et signé dans l'entre deux tours de la présidentielle.